Vous êtes ici

Kaftrio 2/5 ans : des troubles du comportements et du sommeil significatifs observés susceptibles de diminuer avec le temps

Dernière mise à jour 16.07.2024 à 10h15

copie_de_ca_-_banniere_actualite_1920_x_889_2

Vaincre la Mucoviscidose finance depuis la mise à disposition des modulateurs de CFTR des études pour observer et évaluer en vraie vie leur impact sur les patients. Ces études sont précieuses car elles permettent de :

  • confirmer ou non le bénéfice de ces traitements ;
  • identifier les éventuels effets indésirables qui n’auraient pu l’être dans le cadre des essais cliniques qui portent sur un nombre réduit de patients et sur des durées plus courtes.

Depuis la fin 2023, les enfants âgés de 2 à 5 ans ayant au moins une mutation F508del peuvent bénéficier de Kaftrio dans le cadre d’un accès précoce, avant même que l’agence européenne du médicament ait autorisé en Europe l’extension de son utilisation à cette classe d’âge. La France est donc le seul pays au sein de l’Union Européenne où cet accès est possible. C’est dire que les premiers résultats des études observationnelles étaient fortement attendus.

Le Pr. Isabelle Sermet-Gaudelus (Paris Necker & INSERM) vient de publier un article dans la revue Lancet relatant les premiers résultats de l’étude observationnelle concernant les enfants âgés de 2 à 5 ans ayant bénéficié pendant 3 mois de Kaftrio.
Sur près de 200 enfants ayant fait l’objet de l’étude, il a été observé que :

  • Kaftrio a un effet bénéfique

La médiane de concentration en chlorure dans la sueur est passée de 89 à 34 mmol/L après un mois de traitement, soit en dessous du seuil à partir duquel le diagnostic de la mucoviscidose est posé (60 mmol/L). Cela confirme donc l’impact favorable de Kaftrio chez ces patients. Le recueil des événements cliniques est en cours dans la cohorte observationnelle MODUL-CF  pour confirmer le bénéfice clinique.

Près de 50 % des patients présentaient des troubles du comportement ou du sommeil pendant le 1er mois de traitement.

A un mois de traitement, 47 % des patients présentaient des changements soudains de comportement signalés comme anormaux par les parents. Il s’agissait principalement de : troubles du sommeil (49%), trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) (33%), irritabilité (17%), troubles de l’humeur (12%). Seuls 15 % de ces patients présentaient de tels troubles avant l’initiation du traitement. Chez quatre enfants pour lesquels la dose de Kaftrio a été diminuée et deux enfants qui ont arrêté Kaftrio, on a observé une disparition immédiate des symptômes. il n’y avait pas de différence dans les taux sanguins de Kaftrio entre les enfants ayant présenté des troubles du comportement ou du sommeil et ceux qui n’avaient pas eu de tels effet  permettant d’éliminer l’hypothèse d’un surdosage.

Ce qui est très rassurant c’est que pour 38% des patients pour lesquels des troubles du comportement ou du sommeil avaient été observés après 1 mois de traitement, ces troubles avaient totalement disparu après 3 mois de traitement. Il est donc probable que ces troubles soient transitoires.  le suivi ultérieur (en particulier à 6 mois) permettra de confirmer ou non cette hypothèse.

Bien entendu cela ne remet donc pas en cause l’intérêt de prescrire dès l’âge de 2 ans ce traitement au regard des bénéfices réels et attendus en particulier le fait de prévenir la dégradation de la fonction respiratoire.

Pour l’instant, il n’a pas été possible d’identifier la cause de l’apparition de ces troubles. L’une des hypothèses est que Kaftrio active la protéine CFTR qui est présente dans le cerveau, notamment dans des régions impliquées dans la régulation du sommeil, des émotions et des apprentissages, et que le rétablissement du transport des ions chlorures ait un effet de stimulation cérébrale, vraisemblablement transitoire, le temps que les choses se rééquilibrent.

Les pédiatres très sensibilisés à ces questions suivent de près les enfants. Vaincre la Mucoviscidose invite les parents confrontés à de tels phénomènes chez leurs enfants à consulter leur CRCM pour en parler et, le cas échéant, adapter le traitement.

Crédits photos : FatCamera – istockphoto.com